Commentaire analytique du comité de rédaction de « Notre Ottawa »
Les élections fédérales canadiennes de 2025 ont été un triomphe inattendu pour le Parti libéral et une victoire personnelle pour Mark Carney. Cependant, la défaite des conservateurs et de leur chef Pierre Poilievre, qui ne devrait même pas remporter sa propre circonscription, est tout aussi remarquable.
Pourquoi le parti, longtemps en tête des sondages, a-t-il fini par céder ?
1. Agenda obsolète.
Carney a réussi à prendre l’initiative en mettant en lumière la lutte pour la souveraineté canadienne face à l’agression de Donald Trump. Alors que le pays s’inquiétait des menaces de Washington, les conservateurs continuaient de lutter contre Trudeau, désormais à la retraite, et contre la taxe sur le carbone, dont la partie destinée aux consommateurs avait été abolie. L’électeur n’a pas vu cela comme une réponse aux défis actuels.
2. Stratégie économique faible.
Les promesses de croissance économique uniquement par la suppression de la taxe carbone paraissent naïves, surtout dans le contexte de la guerre tarifaire avec les États-Unis. Les plans visant à compenser le déficit budgétaire avec les recettes provenant des droits de douane sur les produits américains étaient basés sur le volume des échanges commerciaux antérieur, qui diminuerait clairement en raison de la politique tarifaire de Trump. Le programme conservateur s’est avéré mal préparé à la nouvelle réalité.
3. Manque de qualités de leadership.
Poilievre a réussi à renverser Trudeau, mais il n’a pas réussi à convaincre les électeurs qu’il était prêt à prendre lui-même les rênes du pouvoir. Son image de « gars ordinaire » n’était pas convaincante comparée à celle de Carney, un financier chevronné, ancien directeur de la Banque du Canada et négociateur international.
Paradoxalement, ce sont les critiques acerbes et impitoyables de Poilievre à l’égard de Trudeau qui ont forcé les libéraux à changer de chef – et ont ainsi renforcé leur position. Pierre aurait gagné contre Trudeau sans difficulté, par une écrasante majorité. En conséquence, les Canadiens ont élu une personnalité qui, selon eux, pouvait diriger le pays avec compétence pendant les périodes difficiles. C’est peut-être la principale leçon de cette élection.