Alors que les potentiels tarifs douaniers de Donald Trump sont débattus au Canada, le véritable problème pour le pays réside dans la perte d'investissements. Les entreprises préfèrent investir aux États-Unis, profitant des allégements fiscaux et de la réduction des obstacles réglementaires.
Apple a récemment annoncé un investissement de 500 milliards de dollars dans l'économie américaine, et l'Arabie saoudite investit 600 milliards de dollars supplémentaires. Parallèlement, l'entreprise canadienne Irving Paper est contrainte de fermer la moitié de sa production au Nouveau-Brunswick en raison de la hausse des prix de l'énergie, mais elle augmente parallèlement ses capacités de production aux États-Unis de 600 millions de dollars.
L'économiste Philip Cross souligne que le principal problème du Canada réside dans sa culture anti-entrepreneuriale. Selon lui, la menace des tarifs douaniers n'est pas aussi dangereuse que le fait que les États-Unis deviennent plus attractifs pour les entreprises grâce à la réduction des impôts et des réglementations.
Les États-Unis attirent les investissements, le Canada les perd.
Trump poursuit sa politique de baisse des impôts, d'assouplissement des réglementations et de développement du secteur de l'énergie. Il a créé un conseil spécial de la Maison-Blanche sur la « domination énergétique » et a déjà signé plusieurs décrets pour stimuler le secteur.
L'optimisme des entreprises américaines s'accroît : selon le Conference Board, l'indice de confiance des PDG américains a augmenté de 9 points au dernier trimestre, dépassant les 60 pour la première fois depuis 2022. Parallèlement, l'incertitude au Canada bat des records : l'indice d'instabilité économique est passé de 200 début 2024 à 868 en décembre.
Le Canada accuse un retard en matière de productivité
Selon la Banque du Canada, la productivité du travail au pays est tombée à 71 % de celle des États-Unis en 2022, et l'écart continue de se creuser. Les investisseurs se méfient des impôts élevés, de la complexité des réglementations environnementales et des lourdeurs administratives.
Le Canada demeure attractif grâce à sa main-d'œuvre qualifiée, sa stabilité et ses ressources naturelles, mais si la situation ne change pas, le pays risque de perdre d'importants investissements. Même les entreprises canadiennes investissent déjà aux États-Unis au lieu de développer leur production nationale.
L'énergie en crise
Le secteur pétrolier et gazier canadien continue de perdre du terrain. Entre 2014 et 2023, les investissements dans l'industrie ont chuté de 76 à 35 milliards de dollars. Les raisons en sont une réglementation stricte, l'abandon de projets de pipelines clés et des normes environnementales controversées.
Alors que l'Europe cherche des sources d'énergie alternatives en raison du conflit avec la Russie, le Canada perd des opportunités. Justin Trudeau a abandonné la construction d'un terminal GNL pour l'exportation vers l'Allemagne, affirmant que l'« énergie propre » est plus importante.
Guerre commerciale : à quel point les tarifs douaniers sont-ils dangereux ?
Si Trump impose des tarifs douaniers de 25 % sur tous les produits canadiens, l'économie du pays perdra 2,5 % du PIB la première année et 1,5 % la deuxième, prédit la Banque du Canada. Cependant, les experts doutent que les tarifs douaniers restent en vigueur longtemps, car ils auront également des répercussions négatives sur les consommateurs américains.
Que devrait faire le Canada ?
Les experts proposent plusieurs solutions :
- Réduire les impôts et la réglementation pour rendre le pays attractif pour les entreprises.
- Développer le secteur énergétique et construire des pipelines pour l'exportation.
- Supprimer les obstacles au commerce interprovincial – cela pourrait augmenter le PIB de 3,8 %.
- Revoir les politiques environnementales afin de ne pas désavantager les entreprises par rapport aux États-Unis.
Selon Philip Cross, si le Canada ne modifie pas sa politique économique, la fuite des investissements deviendra irréversible.